Rapport Annuel 2016
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La transformation digitale au cœur du Service au Citoyen et pour un Développement Economique Fort
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Elaboré conformément à la loi organique régissant le Conseil économique, social et environnemental, ce rapport comporte une analyse de la situation économique, sociale et environnementale au Maroc en 2016, de même qu’il procède à une revue de l’activité du Conseil au titre de la même année.
Le Conseil procède ainsi à une analyse des principales évolutions sur les plans économique, social et environnemental et émis des recommandations en mettant l’accent sur quelques points de vigilance identifiés.
Sur le volet économique, le rapport relève que le contexte international a été marqué, en 2016, par un ralentissement de la croissance mondiale, une poursuite du mouvement de décélération du commerce mondial, une orientation protectionniste de quelques pays avancés et émergents, ainsi qu’un rééquilibrage continu de l’économie chinoise.
Au niveau national, l’année 2016 s’est caractérisée par de faibles performances. En effet, la croissance du PIB a enregistré un ralentissement notable, à 1,2%, après 4,5% en 2015, suite à une contraction de la valeur ajoutée agricole, en raison d’un déficit pluviométrique, jugé le plus sévère en trente ans, alors que la valeur ajoutée non agricole a évolué à un rythme très modéré. Cette évolution confirme la vulnérabilité de l’économie marocaine aux aléas climatiques, qui s’avère, toutefois, moins importante comparativement au passé.
Dans ce contexte, 37 000 emplois ont été perdus en 2016, dont une grande partie dans le secteur agricole. Sur cet aspect, les évolutions du marché du travail en 2016 n’ont fait que corroborer l’idée qu’en plus des facteurs conjoncturels, la faiblesse de la création d’emploi au Maroc revêt un caractère structurel qui s’accentue dans le temps. Par ailleurs, les catégories qui ont pâti davantage de la morosité du marché du travail sont essentiellement les femmes et les jeunes, en particulier parmi les diplômés.
Concernant les équilibres macroéconomiques, l’année 2016 a connu des évolutions mitigées, entre d’une part, la poursuite de la résorption du déficit budgétaire et d’autre part, le creusement du déficit commercial, la détérioration du taux de couverture des importations et le recul des flux entrants d’IDE.
A la lumière de ces évolutions, le Conseil Economique, Social et Environnemental recommande que l’orientation des politiques publiques, à l’heure actuelle, puisse éviter l’érosion de la demande domestique, étant donné ses effets stabilisateurs, et ce dans le cadre d’une politique contra-cyclique de stabilisation qui pourrait soutenir le pouvoir d’achat. Il s’agit, également, de mettre en place des mécanismes pour réduire la volatilité des revenus des ruraux en finançant des portefeuilles de projets non agricoles en milieu rural de nature à créer des emplois et une demande locale durant les mauvaises campagnes.
Parallèlement, il est préconisé de soutenir l’élargissement de la base productive nationale, en termes de nombre d’entreprises créées, pour compenser le caractère intensif en capital des nouveaux secteurs et créer des emplois de qualité en nombre suffisant.
Sur ce même volet, le Conseil recommande de promouvoir une économie bleue intégrée qui va au-delà du secteur de la pêche, et qui se base sur une exploitation optimale des ressources maritimes dans différents secteurs liés à la mer (industrie navale, valorisation des algues, exploitation des ressources off-shore…), parallèlement au développement de la R&D et de formations adaptées aux différents métiers de ce secteur.
Sur le plan social, le Conseil relève une poursuite des dysfonctionnements structurels qui entravent la mise à niveau des secteurs sociaux. Cela s’est traduit dans le secteur de l’éducation, par l’aggravation du surpeuplement des classes, la persistance de l’abandon scolaire et le recours hâtif au recrutement des enseignants pour combler le déficit constaté. De même, le rapport met l’accent sur les répercussions négatives potentielles que pourraient avoir le recours à l’instauration de frais d’enregistrement au niveau des écoles publiques, ainsi que l’orientation progressive des familles pauvres, modestes et moyennes vers les écoles privées. Afin de pallier ces problèmes au niveau du secteur, le Conseil recommande, entre autres, (i) d’encourager les régions à jouer un rôle plus important dans l’éducation, notamment en matière de financement ou en participant au contrôle de la gestion administrative des établissements scolaires, (ii) ainsi qu’une meilleure implication des associations de représentants des parents et de la société civile, dans la formulation des propositions, des orientations et l’évaluation du système éducatif et ce, dans le cadre d’un processus institutionnalisé et régulier.
Dans le secteur de la santé, des avancées ont certes été enregistrées, notamment dans la généralisation de la couverture médicale de base. Toutefois, le secteur reste en proie à de nombreux déficits liés principalement à l’insuffisance de l’offre de soins dans les structures publiques. Ainsi, le conseil appelle à mettre en place les mécanismes de financement nécessaires pour réaliser un accès plus large et de meilleure qualité aux soins, une répartition territoriale équitable dans le cadre d’une carte sanitaire opposable et une gestion efficace du personnel de soins.
Sur le plan de l’égalité de genre et des droits des femmes, un retard a été déploré dans la mise en œuvre des mesures prévues par la Constitution pour la réalisation de l’égalité effective. Le Conseil appelle à la mise en place d’une stratégie volontariste visant l’amélioration des conditions des femmes ainsi qu’à l’adoption de textes juridiques plus sévères et une application plus rigoureuse de la loi concernant le mariage des mineures.
Sur le plan Environnemental, le Conseil relève une persistance du coût élevé de dégradation de l’environnement, en dépit d’une légère atténuation par rapport au début des années 2000. De même, le rapport a mis l’accent sur la menace du stress hydrique auquel notre pays est exposé et qui requiert des mesures urgentes et bien ciblées sur le territoire national. Dans ce sens, le Conseil préconise d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour le Développement Durable et de poursuivre les efforts engagés en matière de gestion des ressources hydriques dans les zones les plus vulnérables à la sècheresse. Par ailleurs, le Conseil appelle à une meilleure prise en considération du risque climatique dans la planification urbaine et ce, notamment au niveau des documents d’urbanisme, des plans d’aménagement urbain et des plans de déplacement urbain.
S’agissant du Focus du rapport de 2016, et eu égard au potentiel que représente le digital comme canal d’amélioration du service au citoyen, mais également comme moyen efficace de lutte contre la corruption au niveau des services publics, le Conseil recommande d’élaborer une démarche globale et cohérente pour un nouveau palier de la digitalisation des services publics. Cette orientation devrait permettre d’assurer l’équité, la transparence et l’efficience au niveau du service offert au citoyen à travers notamment la concrétisation de la Charte des services publics prévue par la Constitution et la mise en place d’une structure de pilotage institutionnel forte et dédiée.
Dans la troisième partie du rapport annuel, le Conseil présente son rapport d’activité pour l’année 2016 ainsi que son plan d’action au titre de l’année 2017.
Rapport de conjoncture économique, sociale et environnementale au titre de l’année 2017
Conformément à la loi organique régissant ses activités, le Conseil Economique, Social et Environnemental a élaboré son rapport de conjoncture au titre de l’année 2017. Présenté lors de la 83ème session ordinaire de l’Assemblée Générale, le rapport en question a abordé l’évolution de la conjoncture économique, sociale et environnementale à la lumière des données disponibles pour l’année 2017, et a émis un certain nombre de recommandations à ce propos.
Sur plan international, le rapport a mis l’accent sur les troubles géopolitiques et sécuritaires qui ont eu lieu dans plusieurs régions du Monde, en particulier au Moyen-Orient. Quant au volet régional, deux éléments majeurs ont caractérisé l’année, à savoir l’adhésion du Maroc à l’Union africaine et la candidature du Royaume pour intégrer la zone de la CEDEAO, un processus qui progresse lentement, en raison d’un certain nombre de facteurs d’ordre politique et sécuritaire.
S’agissant du volet économique national, le rapport rappelle que l’économie marocaine a évolué dans un environnement particulier au cours de l’année 2017, avec le retard accusé dans la constitution du gouvernement et dans l’adoption de la loi de finances, ainsi que les protestations sociales dans certaines régions du pays, qui ont été à l’origine du limogeage de plusieurs responsables publics dans le cadre de l’application du principe de la reddition des comptes.
Dans ce contexte, l’année 2017 a été notamment caractérisée par :
- le redressement de la croissance, suite à une bonne campagne agricole, lequel redressement a été reflété au niveau de l’emploi, en particulier rural ;
- la signature avec de nombreux investisseurs étrangers de plusieurs projets d’investissement dans les écosystèmes liés aux métiers mondiaux du Maroc ;
- une performance remarquable au niveau des arrivées touristiques selon les données provisoires ;
- une atténuation du rythme de creusement du déficit commercial et la poursuite de l’allégement du déficit budgétaire.
En termes de diversification des partenaires étrangers, et parallèlement à l’augmentation continue de la part de l’Afrique subsaharienne dans les échanges commerciaux du Royaume, il convient de signaler que sur le plan des investisseurs étrangers, le Maroc s’oriente de plus en plus vers de nouveaux partenaires tels que la Chine et la Russie.
Toutefois, les performances en termes de croissance laissent apparaitre une dépendance continue de la croissance économique par rapport à l’agriculture. De son coté, et en dépit d’une certaine amélioration en 2017, le secteur non agricole, particulièrement l’industrie, ne joue pas encore pleinement son rôle de locomotive en matière de croissance et de création d’emploi décent.
Au niveau du climat des affaires, le Maroc a régressé dans le classement mondial tout en demeurant en première position par rapport aux pays de l’Afrique du Nord. En outre, l’année 2017 a connu une contraction en matière de créations d’entreprises, une hausse importante des radiations, ainsi qu’une poursuite du prolongement des délais de paiement, en l’attente de l’application du nouveau texte de loi y afférent. Au niveau du marché du travail, le taux de chômage a augmenté en dépit des créations nettes d’emploi et d’une croissance économique plus élevée ce qui renforce le constat d’un déphasage et un affaiblissement du lien entre croissance et chômage.
Un certain nombre de points qui ont marqué l’année restent, néanmoins, entourés d’incertitudes, notamment, (i) le report de la transition vers un régime de change plus flexible vers le début de l’année 2018, (ii) le lancement officiel des banques participatives dont la réussite dépendra de la capacité à mettre en place un écosystème complet et une gouvernance adéquate du secteur, et (iii) l’accélération de la mise en œuvre de la régionalisation avancée avec l’adoption de la majorité des décrets d’application. Ces avancées sur le plan juridique peinent toutefois, à être accompagnées par une implémentation effective et efficace sur le terrain.
S’agissant du volet social, le rapport a analysé la situation des secteurs sociaux de base en 2017. Ainsi, il a été relevé qu’au niveau de l’éducation, les dysfonctionnements structurels continuent à planer sur le secteur, notamment le surpeuplement des classes, la déperdition scolaire et la gestion tardive des besoins en ressources humaines. Concernant la formation professionnelle, le CESE appelle à un renforcement de la qualité de la formation et à une adhésion plus large des opérateurs, notamment économiques, afin d’améliorer l’employabilité des jeunes.
Sur le plan de la santé, le rapport souligne la poursuite des problèmes de gouvernance que connait le secteur, notamment en ce qui concerne l’offre de soins du secteur public, souffrant d’une pression élevée sur les centres hospitaliers après la généralisation de la couverture du Ramed. Le renforcement de la gouvernance de la couverture médicale de base et l’encouragement d’une offre de soins portée par le secteur mutualiste pourrait contribuer activement à une amélioration de l’offre de soins et rétablir ainsi la confiance des citoyens dans le service public.
Pour ce qui est du logement social, le rapport met le point sur l’avancement de la stratégie « Villes sans bidonvilles » ainsi que sur le besoin d’élargir la politique d’habitat social à une politique transversale d’aménagement du territoire.
Concernant la situation des droits des femmes, le rapport revient sur le recul de l’emploi féminin et appelle au renforcement de l’autonomie économique des femmes, qui nécessite l’amélioration de l’employabilité des femmes et leur accès aux activités génératrices de revenus.
S’agissant des droits des catégories vulnérables, le rapport fait l’état sur le travail dangereux des enfants, notamment les petites filles aides domestiques, il traite également du retard de mise en œuvre des textes d’application de la loi cadre sur la promotion des droits des personnes en situation de handicap. L’intégration des populations immigrées et les problèmes humanitaires des immigrés en situation de transit, la situation des personnes âgées ainsi que l’inclusion des détenus ont également été traités dans le cadre du rapport de conjoncture.
Enfin, la partie sociale met la lumière sur le dialogue et climat sociaux où l’absence d’avancées renvoie à une nécessité d’institutionnaliser le processus du dialogue social et de renforcer l’application du code de travail.
Enfin, sur le volet environnemental, le CESE s’est intéressé à trois éléments essentiels, dont le premier est l’adoption de la stratégie nationale pour le développement durable en 2017, avec une lecture des principaux apports de celle-ci sur le plan conceptuel et des points d’amélioration potentiels. Le second point a concerné la problématique de l’eau, en particulier, après les protestations qui ont eu lieu en 2017 dans certaines régions pâtissant d’un accès difficile à cette ressource vitale. Enfin, le volet de la transition énergétique a été traité au niveau du rapport de la conjoncture en s’attardant sur les avancées des grands projets du renouvelable, ainsi que sur le processus d’intégration graduelle de ces sources propres au niveau des autres secteurs de l’activité économique.