Dans le cadre de la coopération institutionnelle entre le Conseil Economique, Social et Environnemental et la Chambre des Représentants, M. Ahmed Réda Chami, président du CESE, accompagné de M. Amine Mounir Alaoui, membre du Conseil, a participé le 3 décembre 2024 à la réunion du groupe thématique temporaire sur l’intelligence artificielle au sein de la Chambre des Représentants afin de présenter les principales conclusions de l’avis du Conseil intitulé « Quels usages et quelles perspectives de développement de l’intelligence artificielle au Maroc ? »
M. Ahmed Réda Chami souligne l’importance de l’intelligence artificielle
Dans son discours d’ouverture, M. Ahmed Réda Chami a souligné l’importance croissante de l’intelligence artificielle (IA) dans la dynamique de la transformation numérique. L’IA contribue en effet au développement des secteurs productifs et a divers effets sur l’amélioration de l’accès aux services de base, tels que la santé et l’éducation, en les rendant plus adaptés aux différents besoins. Il a également expliqué qu’un certain nombre d’études montrent que l’IA pourrait augmenter le PIB mondial de 14 % d’ici 2030.
Il a toutefois souligné les défis importants posés par l’IA, notamment les risques liés à la gestion des données personnalisées, les biais que ses algorithmes peuvent créer, ainsi que les interrogations sur la disparition de certains métiers et emplois.
Pour sa part, M. Amine Mounir Alaoui a souligné que le Maroc dispose d’atouts importants qui pourraient lui permettre de s’imposer comme un acteur prometteur dans le domaine de l’intelligence artificielle. Cependant, le pays doit faire face à plusieurs obstacles, notamment l’absence d’un cadre réglementaire pour l’IA, la lenteur de l’ouverture des données publiques, les difficultés d’accès au financement rencontrées par les start-ups de l’IA en raison de l’absence de critères de financement personnalisés, et la pénurie de professionnels qualifiés.
Recommandations du Conseil pour le développement de l’intelligence artificielle
Le Conseil économique, social et environnemental, dans son avis «Quels usages et quelles perspectives de développement de l’intelligence artificielle au Maroc?», appelle à mettre en place une stratégie nationale d’utilisation et de développement de l’IA alignée avec les ambitions du pays. La finalité ultime est de bâtir un écosystème capable d’une part de favoriser une utilisation large de l’IA au niveau national et, d’autre part, de créer les conditions pour le développement, d’ici 2030, d’une industrie nationale de l’IA, en encourageant la création et le développement de startups et d’entreprises innovantes, avec le soutien des investissements nationaux et internationaux. Cet écosystème devrait favoriser le développement des produits et services potentiellement exportables, en veillant à assurer une utilisation éthique et responsable de l’IA dans tous les secteurs.
Dans ce sens, le CESE a émis un ensemble de recommandations, dont il est permis de citer :
- Réviser la loi 09-08 relative à la protection des données personnelles afin qu’elle intègre valablement les exigences des données utilisées et générées par l’IA, tout en garantissant sa conformité avec les normes internationales.
- Encourager l’usage raisonné d’outils IA dans tous les secteurs, aussi bien publics que privés, en développant un plan de soutien dédié, notamment pour les PME et TPE, incluant des volets de formation ainsi que des dispositifs d’accès aux ressources financières, matérielles et logicielles.
- Libérer les données publiques et faciliter l’accès à des données fiables et interopérables pour disposer des informations nécessaires au développement d’applications d’IA.
- Créer un fonds d’investissement public-privé dédié à l’innovation dans l’intelligence artificielle et les technologies numériques avancées, incluant des subventions, des fonds d’amorçage et du capital-risque pour soutenir les projets en IA.
- Prévoir des incitations fiscales au profit des entreprises, notamment les TPE et PME qui développent l’IA, l’utilisent pour améliorer leur productivité ou collaborent avec le secteur de la recherche en IA. Il est également nécessaire d’adapter la charte d’investissement pour mieux répondre aux spécificités des startups en IA, en révisant les critères d’éligibilité actuels.
- Prioriser les efforts de développement de solutions à base de technologies IA pour deux ou trois secteurs au maximum pour éviter la dispersion des ressources. L’éducation, la santé et l’agriculture pourraient figurer parmi ces secteurs.
- Développer un modèle de langage souverain (données en darija) pour améliorer l’inclusion numérique en permettant à tous les citoyens, quel que soit leur niveau d’éducation, de participer activement aux interactions numériques et étendre ainsi l’accès à l’IA à l’ensemble de la population.
- Intégrer systématiquement la formation en IA dans l’offre éducative nationale et renforcer les programmes d’enseignement supérieur en IA dans les universités et écoles spécialisées. En parallèle, combler le manque de formateurs en proposant aux profils scientifiques, tels que les mathématiciens, une formation spécialisée en IA.