Pour une nouvelle stratégie visant à promouvoir un tourisme durable, résilient et inclusif

Le Conseil Economique Social et Environnemental a organisé, le 30 mars 2021, un atelier de restitution virtuel pour présenter son avis intitulé « le tourisme, levier de développement durable et d’intégration : pour une nouvelle stratégie nationale du tourisme ».

Chami souligne la nécessité de mettre en place une nouvelle stratégie visant à promouvoir un tourisme durable, résilient et inclusif

Dans une allocution prononcée à cette occasion, Monsieur Ahmed Réda Chami, Président du Conseil Economique Social et Environnemental, a souligné que le CESE aspire, par cet avis, de mettre en place une nouvelle stratégie, basée sur une vision globale et intégrée et visant à promouvoir un tourisme durable, résilient et inclusif, favorisant le développement d’un tourisme des régions et la création de richesses et d’emploi en particulier au profit des femmes et des jeunes.

Il a, en outre, indiqué que bien que l’industrie touristique ait été mise en difficultés par le passé, la pandémie de la Covid-19 a fortement exacerbé ces difficultés structurelles et a eu de forts impacts économiques et sociaux sur son évolution.

Pour sa part, M. Ali Ghannam, membre du CESE et rapporteur du thème, a présenté l’avis du Conseil « le tourisme, levier de développement durable et d’intégration : pour une nouvelle stratégie nationale du tourisme ».

Pour rappel, ledit avis du CESE a relevé que le tourisme constitue un pilier majeur de la croissance économique marocaine. En 2019, le Maroc a accueilli 12.9 millions de touristes aux postes frontières. De fait, ce secteur contribue à hauteur de 7% au PIB et 20% aux exportations des biens et services. Sa contribution à l’emploi est estimée à 550 000, soit 5% de la population active (OT, 2020).

L’analyse du secteur du tourisme au Maroc durant ces vingt dernières années révèle un certain nombre de dysfonctionnements récurrents ; parmi lesquels :

  • Des stratégies qui peinent à réaliser leurs objectifs fixés;
  • La problématique de la triple concentration (aux niveaux des villes, des arrivées/nuitées par pays émetteur, et saisonnalité de l’activité);
  • Une défaillance majeure du dispositif de pilotage ;
  • Les difficultés de financements au niveau du secteur;
  • Un dispositif de promotion et de commercialisation dépassé (les performances enregistrées sont en retrait par rapport aux objectifs de la vision 2020);
  • La cartographie de l’emploi touristique et des outils de pilotage sont quasi-absent.

Propositions phares du CESE pour réussir la relance du tourisme et son repositionnement stratégique à l’échelle nationale et internationale

Elaboré dans le cadre d’une auto-saisine, l’avis du CESE relève que, depuis l’indépendance, un effort important a été déployé dans le secteur touristique pour doter le pays d’infrastructures et équipements et d’un cadre réglementaire et institutionnel spécifique.

Grâce aux efforts consentis, le Maroc a considérablement amélioré les performances du secteur touristique, pour se classer comme première destination touristique en Afrique.

Cependant, plusieurs contraintes ont limité cette performance notamment en termes de création d’emploi, de valeur ajoutée et de développement durable.

A cet effet, en capitalisant sur l’écoute des principaux acteurs concernés, les initiatives déjà entreprises pour la promotion du tourisme national et sur les enseignements tirés du benchmark international, le CESE a formulé une série de recommandations articulées autour de six axes majeurs :

S’agissant du volet de la gouvernance, le CESE recommande d’instaurer une loi-cadre du tourisme et de promouvoir une planification stratégique intégrée, impliquant une convergence des moyens et des ressources et un suivi-évaluation pour toute la chaîne de valeur.

Pour ce qui est du tourisme durable et responsable, le Conseil propose d’opérationnaliser la charte marocaine du tourisme durable, de contribuer à travers le système fiscal à la promotion des investissements durables, productifs, créateurs d’emplois et catalyseurs de la valeur au niveau des territoires hôtes et d’opter pour une approche « Tourisme 365 jours ».

Au niveau du tourisme national, il conviendrait de proposer des produits touristiques spécialement dédiés au tourisme national en ses divers segments et adaptés au pouvoir d’achat, de promouvoir le tourisme social et solidaire et développer les auberges des jeunes et d’inventer une offre adéquate pour les MRE en prenant en considération leurs styles de vie et leurs modes de consommation des loisirs et sports ;

Sur le plan de la digitalisation, il y a lieu de promouvoir des destinations et des produits touristiques durables à travers la communication, la connectivité et la digitalisation en proposant un circuit de réservation et de paiement marocain permettant d’éviter la sortie de devises et des commissions hors Maroc et en faisant évoluer la communication numérique officielle vers l’expérience-client. 

Par ailleurs, il importe de qualifier le capital humain en s’alignant sur les tendances mondiales et en visant l’excellence par la mise à jour de la cartographie de l’emploi dans le tourisme et l’initiation de la signature d’une convention sectorielle collective en matière de formation et de renforcement des compétences.

Enfin, le Conseil considère que la territorialisation constitue un cadre propice à la mise en œuvre des stratégies pour assurer la coordination entre l’échelle nationale et régionale. Dans ce sens, le CESE préconise de mettre en corrélation les stratégies nationales du tourisme, de la culture, de l’artisanat, de la jeunesse et sport et du développement durable et en assurer la déclinaison territoriale, de soutenir la mise en œuvre des stratégies régionales du tourisme durable en appuyant les conseils régionaux dans l’élaboration de leurs PDR et de concevoir une offre diversifiée autour de corridors traversant plusieurs territoires avec une thématique touristique commune.